Pourquoi toute animation de CST devrait mettre en œuvre la démarche scientifique ? La démarche scientifique peut-elle être l'objectif ultime de la CST ?
La première question ci-dessus est un peu provocatrice car je n'ai encore jamais trouvé quelqu'un qui tienne comme discours que seule une action mettant en œuvre la démarche scientifique est une action efficace de CST. Pourtant il est vrai que je m'interroge devant l'importance, voir la prépondérance, que certains peuvent donner à cette approche particulière des sciences dans les actions de culture scientifique et technique.
Ajoutons à cela une touche de volonté de développement des vocations scientifiques (voir le post de Malvina à ce sujet), qui n'est pas le seul et unique objet de la CST, et nous risquons d'oublier que la CST ne se résume pas qu'à cela. C'est surtout face aux décideurs (publiques ou -publics) que la question risque de devenir cruciale. En effet ces derniers, par manque de recul, peuvent être amenés à simplifier les choses, à ne retenir que le discours dominant, à oublier qu'on est face à une voie parmi d'autres.
Dans mon post précédent, je m'interrogeais sur les comparaisons entre (actions de) cultures scientifiques et artistiques. Un des points importants était que les deux types d'action visent la découverte de la production d'acteurs particuliers : les connaissances scientifiques d'une part, les oeuvres d'art d'autre part.
Mais si l'on adopte cette approche, à quoi peut servir la pratique de la démarche scientifique dans nos actions de CST. La pratique de la danse, du dessin ou de la peinture a-t-elle la même place dans le monde des professionnels des cultures "artistiques" que dans le monde des professionnels de la CST. J'ai l'impression que non ! J'ai le sentiment que la pratique de la démarche scientifique est plus importante pour la CST que la pratique artistique ne l'est pour les "cultures artistiques". Comme si en CST, l'objectif de "faire passer" la démarche scientifique étaient partie intégrante de la CST, au même titre que "faire passer" des connaissances, ... Alors que les choses me semblent bien plus différenciées dans les autres "cultures".
Mais peut-être est-ce ici le résultat de ma méconnaissance des actions de cultures artistiques qui se limite peut-être trop aux seules expositions ? Ou alors est-ce un biais de ma connaissance plus aiguë des multiples formes de médiations scientifiques et notamment des formes de médiations orales en CST ?
... (pause réflexive intense durant ma rédaction) ...
Je comptais finir ce billet par une remise à sa place de la "sacro-sainte démarche scientifique" en soulignant l'intérêt de la multiplicité des approches de médiation (conférence, atelier, exposition, radio, ...). En soulignant également que le choix de certains (P'tits Deb', Main à la pâte, planète science, ...) ne devaient pas s'imposer à tous et que si l'on souhaitait faire culture, il fallait promouvoir la diversité. Joli programme !
Et puis finalement, en réfléchissant un peu plus lors de la rédaction de ces lignes, je me demande si quelque part ce ne sont pas eux qui ont raison.
Pas sur l'exclusivité (apparente) de l'approche à mettre en œuvre (d'ailleurs je ne crois pas qu'aucun ne revendique ni ne se limite à la seule pratique de la démarche scientifique dans leurs actions). Mais plutôt quant aux objectifs que se donnent les actions de CST qui bien au-delà des connaissances pourraient être l'esprit scientifique, la démarche, l'approche du monde. Plutôt que Culture scientifique et technique, ne cherche-t-on pas de plus en plus à promouvoir ou à faire émerger une culture de la démarche scientifique, une forme de penser rationnelle et objective du monde, ...
Pour conclure et résumer où j'en suis.
Bien sûr qu'il ne faut pas réduire nos actions à la seule mise en œuvre d'une démarche scientifique mais pourtant, il convient de s'interroger sur la place de celle-ci dans nos actions. Si la démarche scientifique n'est pas à mettre en pratique à tout prix dans toutes nos actions de CST, ne faut-il pas la mettre à tout prix dans tous nos objectifs. Et en allant plus loin, ne faut-il pas considérer la diffusion de la démarche scientifique et de l'esprit qui l'accompagne comme l'objectif ultime de tout travail en CST ?
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