mardi 25 mai 2010

Vulgariser, c'est "traduire" en langage vulgaire !!!

La vulgarisation est une traduction du langage expert (ou scientifique) vers un langage vulgaire, populaire ou plus simplement accessible à tous et surtout aux non initiés.

Voilà une "définition" de la vulgarisation assez courante, assez facile à comprendre (assez vulgarisée !?), mais pourtant assez critiquée parmi les acteurs de la culture scientifique*.

Les acteurs de la vulgarisation s'indignent, en général, que l'on puisse penser que leur travail consiste simplement à remplacer un mot compliqué par un autre plus simple, que l'on puisse les comparer à de simples traducteurs !!!


Ces vulgarisateurs seraient-ils donc prêts pour défendre la noblesse de leur tâche à refuser à la traduction l'élévation à laquelle elle a certainement droit ?

Très loin d'être polyglotte je ne peux qu'imaginer ce que peut être la travail d'un traducteur. Malgré cela j'ai du mal à imaginer que le traducteur d'un roman puisse considérer que sa tâche se résume au simple échange de mots d'une langue en une autre. Ce traducteur ne réfléchit-il pas aux styles, aux rythmes, aux contextes et références culturels ?... Ne cherche-t-il pas plutôt à écrire le texte qu'aurait pu écrire l'auteur s'il avait maîtrisé la langue?

Acceptant l'idée qu'une traduction linguistique dépasse de loin le jeu de mot, la vulgarisation peut-elle alors être assimilée à une traduction ?
Si oui, qu'est-ce que cette interprétation peut nous apprendre sur la vulgarisation ? Quels enjeux peut-elle mettre en lumière ? Quelles questions amène-t-elle ?

Des pistes ... La science est-elle ou a-t-elle un langage ? Ce langage, s'il existe, est-il une langue ? Si la vulgarisation est une traduction, qu'est-ce que cette traduction entretien comme rapport avec la Culture Scientifique et Technique ? Les liens entre vulgarisation et CST sont-ils identiques à ceux entre traductions et cultures littéraires ? ...

A vos neurones, chers amis !!!

* : On pourrait d'ailleurs se demander quelle part cette crainte d'être assimilé à un simple traducteur prend dans le rejet quasi systématique du terme vulgarisation dans les milieux dit de culture scientifique et technique.

7 commentaires:

  1. La science est-elle ou a-t-elle un langage ?
    La science est une façon d'appréhender le monde, et de l'expliquer, dans différentes langues.
    Chaque discipline scientifique possède son vocabulaire propre constitué soit de mots adhoc, soit de redéfinition de mots existants. Mais pas de syntaxe, ni de grammaire associée.
    Donc, la science n'est ni un langage, ni une langue.

    Par contre sur la spécificité de la vulgarisation par rapport à la traduction, le pourquoi d'employer 2 mots différents s'il s'agit de la même démarche, il y a à mon avis plus à préciser, sinon à discuter.

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  2. La traduction signifie prendre un mot qu'on ne comprend pas pour le transformer en un mot qu'on comprend. C'est une partie de la vulgarisation, mais c'est la partie la plus facile.

    Parce que la traduction n'implique aucune figure de style, aucune métaphore, aucun effort pour rendre un discours plus vivant. À titre d'exemple, si un individu vous sert en serbo-croate un discours ennuyeux, le traducteur vous le servira en français, mais le discours restera ennuyeux.

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  3. @Thomas
    @Pascal Lapointe

    Je dirais plutôt :

    -En littérature:
    Pour qu'il y ai traduction il y a nécessité que fond, le contenu, reste le même d'une langue à l'autre.
    Mais ce qui fera la différence entre une bonne traduction et une mauvaise, c'est la capacité d'un auteur à rendre compte d'un style, d'une patte d'auteur ou pas.

    -En science :
    Pour qu'il y ai vulgarisation il y a nécessité, que la forme soit compréhensible, vivante, agréable, accessible etc.
    Mais ce qui fera la différence entre une bonne vulgarisation et une mauvaise, c'est la capacité d'un médiateur à garder la plus grande justesse de contenu (de fond) ou pas.

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  4. @Malvina. Tout à fait d'accord. Mais c'est aussi la raison pour laquelle je pense que la vulgarisation n'est pas seulement de la traduction. La traduction, c'est la première étape. ENSUITE, vient le temps de donner à votre travail de vulgarisation une forme vivante, agréable, accessible, comme vous le dites.

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  5. @Pascal Lapointe
    Nous ne nous sommes pas compris : c'est justement un changement de vision de ce qu'est la traduction qui me semble potentiellement intéressant pour réinterroger nos pratiques de vulgarisation.

    Si on considère que la traduction ne consiste pas en un simple échange de mots mais plutôt en un changement de texte laissant les idées (ou le style ou plus !!!) identiques d'une langue à une autre : le comparatif entre traduction et vulgarisation me semble à nouveau pertinent !

    @Malvina :
    sur la littérature - 100% d'accord
    sur la vulgarisation - je suis moins d'accord sur la prédominance du fond sur la forme. Finalement le parallèle à la littérature et à la traduction m'amène d'autant plus à me demander qu'est-ce qui prévaut vraiment en vulgarisation. Peut-être que tout réside dans ce que l'on appelle justement le contenu ou le fond ... Tu parles de justesse là ou d'autre on tendance à mettre quantité (qui de nous n'a pas du expliquer à un scientifique qu'il fallait mieux : peu d'infos bien transmises que beaucoup d'infos incompréhensibles) ... Affaire à suivre !

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  6. @Thomas
    Je pensais bien que tu allais tiquer...merci. Ca me permet de préciser. La forme est très importante en vulgarisation. Tellement, que quand la forme n'y est pas, et bien, je ne pense pas que l'on puisse parler de vulgarisation. Quelqu'un qui réciterait sa science ce n'est pas un mauvais vulgarisateur, ce n'est pas un vulgarisateur du tout. C'est comme un coureur cycliste qui ne saurait pas faire du vélo.

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  7. Nous ne nous sommes pas compris : c'est justement un changement de vision de ce qu'est la traduction qui me semble potentiellement intéressant pour réinterroger nos pratiques de vulgarisation.

    C'est ambitieux, mais il faudrait demander l'avis aux traducteurs... Je doute qu'un traducteur ait jamais la liberté que vous (et moi) voulons accorder aux vulgarisateurs. :-)

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