Tout peut-il être vulgarisé ?

Atelier Philo.
10h00-12h00 un samedi matin, motivés.
Motivés les organisateurs, motivés les intervenants, motivé le public.
Pour discuter enseignement et philosophie.

Tout le monde d'accord pour dire l'importance de la philosophie, son rôle d'ouverture des consciences, de mise en réflexion du monde.

A entretenir, à faire émerger, à accompagner dès le plus jeune âge. Pour qu'enfin le cours de philo de terminale n'arrive pas comme un cheveu sur une soupe de magma de connaissances aléatoires et non reliées.

Tout le monde d'accord, de la rhétorique de principe, histoire de dire.

Sur la nécessité de développer une nouvelle "posture" de l'enseignant.

L'enseignant comme médiateur, comme accompagnateur, comme guide, faisant émerger le sens de la connai-sens.

Mais, pitié, pourquoi les philosophes sont-ils à ce point de mauvais vulgarisateurs??? Quel est ce complexe, cette faute initiale, cette malédiction des dieux qui les oblige à employer au moins 3 mots en "ique" par phrase ?
heuristique
holistique
ontogénique
didactique

Pourquoi s'accrocher absolument à dire "sujets" à la places de "les gens" ?

Cela ressemble à une volonté d'exclusion de ceux qui ne maîtrisent pas, qui ne sont pas du "milieu".

Cela ressemble comme 2 gouttes d'eau à mes étudiants à qui je demande de vulgariser la physique quantique, la génétique... et qui me disent : "mais il faut d'abord expliquer" ........ et de me refaire tous leurs cours depuis la terminale...
Linéaire.
Les sacro-saintes "étapes" : sans le début pas de compréhension de la fin.
Introduction - développement - conclusion

La conclusion c'est qu'on ne peut pas expliquer ce qu'est l'ADN à quelqu'un qui ne saurait pas ce qu'est un eucaryote.

Il y a un autre postulat : tout peut être expliqué à chacun, quel que soit son âge, son bagage culturel, intellectuel etc.

C'est peut-être faux.

Mais vrai ou faux ce n'est pas ce qui m'intéresse.
Ce qui m'intéresse dans ce postulat c'est ce qu'il produit:

Si vous partez du principe que tout peut être expliqué, alors il faudra le démonter, il faudra aller jusqu'au bout. Ne pas s'arrêter à la moindre difficulté :
- à 3 ans on ne peut pas comprendre que...
- à 88 ans on est d'une autre génération...
- il faut savoir que... avant de...
Plus d'excuses, il faut aller chercher toutes les ressources de la vulgarisation, de la médiation, pour tenter d'atteindre un objectif qui nous pousse en permanence à l'expérimentation, à la remise en question, à la prise de risque aussi.

Et l'une des difficultés, c'est souvent de faire accepter ce point de vue à nos interlocuteurs qu'ils soient du "coté" des scientifiques ou de celui du "grand public".