mercredi 29 février 2012

Définir le public !

Les multiples tentatives de définition du ou des publics procèdent souvent d'une classification. Le problème est en général de faire des catégories, plus ou moins distinctes pour permettre de qualifier la diversité des publics (adulte, enfant, scolaire, cadre sup., primo visiteur, ...).
Curieusement la définition même de la "supercatégorie public" me semble peu présente (peut-être par peur de retomber dans le "grand public"). Pourtant nos actions culturelles gagneraient peut-être à clarifier ce que l'on met derrière ce terme.

Accroches Coeurs 
Par BenjaminIsAlreadyTaken


En effet le CNRTL nous dit : " L'ensemble des personnes qui assistent à un spectacle, à une manifestation artistique, culturelle ou sportive".

Mise à part le fait qu'il fasse du public des "personnes", cette définition "spectatrice" me semble  peu satisfaisante pour nous aujourd'hui.
  • D'abord la forme des actions culturelles va en se diversifiant rompant avec une position exclusivement spectatrice du public, provoquant l'échange, autorisant la perméabilité des rôles et statuts,
  • Ensuite la CST (en tout cas j'en ai l'espoir) est sortie de l'idée d'un savoir "à verser" dans l'esprit vide et spectateur d'un public attentiste ou consommateur.
Et cela sans compter la mode du participatif que l'on voit partout et tout le temps.
Finalement parmi toutes les personnes qui "gravitent" autour d'une action culturelle, lesquelles peuvent être qualifiées de public et qu'est-ce qui pourrait les caractériser ?

Une définition (personnelle) du public
Pour ma part, j'opterais donc pour la définition suivante : le public d'une action est constitué des personnes ciblées par les objectifs de cette action.

L'action a des objectifs. Ces derniers (dans le cas d'une action culturelle) doivent faire apparaitre des personnes que l'on souhaite voir "évoluer", "se transformer", ... Cette nécessité tient à la définition même de ce que j'entends par culture (= savoirs partagés, voir les billets sur le divertissement ou les médiateurs par exemple).

Cette petite finesse devient intéressante, par exemple face à des offres utilisant un "public relais". Les "champs libres-doctorant" dont s'occupait Malvina au Muséum de Toulouse invitent (après formation) des doctorants à "exposer et discuter" de science avec le public de passage dans les expositions.
  • Les personnes au cœur de l'action de vente/communication de l'offre sont bien les passants (public de la vente = passants). 
  • Les personnes au cœur de l'action de l'intervenant sont aussi les passants (public de l'intervenant = passants).
  • Les personnes au cœur des objectifs de l'offre dans sa globalité sont les passants mais aussi le doctorant-intervenant dont on espère une évolution (public de l'offre = passants+intervenant). 
La situation est similaire pour d'autres offres utlisant un public relais. Les  offres annoncées pour des "tout-petits" peuvent proposer un rôle non négligeable à l'accompagnant adulte. On "utilise" alors l'accompagnant comme relais, pas pour réduire la masse salariale de l'établissement, mais bien parce que des objectifs portent également sur ces accompagnants. Ils sont donc pleinement publics de ces offres.
Ces exemples montrent que (re)définir ce qu'est le public n'est pas qu'une affaire de théorie mais peut également prendre tout son sens dans le concret de l'action. Lors de l'évaluation de l'offre par exemple, la partie dédiée aux publics devrait faire ressortir TOUS les publics cibles et non pas exclusivement ceux "spectateurs".
Autre exemple concret et plus délicat : certaines offres ont vocation à faire parler d'elles. Elles sont avant tout support de communication, de visibilité, ... Là encore, le public cible est celui qui va participer mais aussi (et même surtout) celui qui va entendre parler de l'offre. Comment l'évaluation pourra-t-elle en tenir compte si cet objectif ou ces publics ne sont  pas clarifiés à la base. 

Conclusion de la réflexion

Mais définir le public comme étant la cible des objectifs de l'offre m'amène aussi 2 idées fortes à méditer.
  1. Les personnes doivent être et rester au cœur de nos propositions culturelles. En imposant par la définition même du terme "public" que les objectifs d'une offre culturelle ne peuvent concerner que des personnes, on peut espérer éviter quelques dérives ! (Faire les choses pour leurs seules retombées financières par exemple)
  2. En affirmant par cette définition un lien fondamental et indissociable entre "public" et "objectif" dans une action culturelle, on peut espérer voir ces 2 notions prendre une importance équivalente dans nos actions. (On évitera alors peut-être les offres : "juste pour faire plaisir aux publics" et qui en oublient leurs objectifs, ou à l'inverse les offres qui ont de magnifiques objectifs mais qui ne touche pas le moindre public !)
(Drôle de ) Conclusion du billet
Cet "exercice de style" ne vous a peut-être pas beaucoup fait avancer. Sachez que pour ma part, il m'a permis de remettre quelques idées en place. En effet à force d'utiliser toujours les mêmes idées, les mêmes concepts, les mêmes termes, on finit par y perdre le fil et par se contenter de la surface des choses. Le message essentiel ici est donc peut-être : " Ne pas s'endormir sur ses lauriers, ne pas hésiter à revenir aux fondements de nos pratiques : c'est salutaire, ça fait évoluer, et franchement, ça fait du bien ! "

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