On dit souvent que les publics sont moins respectueux d'une chose gratuite que d'une chose payante.
Cette idée, très certainement validée par des études de haut vol, sert de temps en temps à justifier les tarifs proposés dans la culture ou dans plein d'autres domaines où la question de la gratuité existe (notamment lorsque le service est public et donc en partie ou totalement "payable" par des impôts).
Or je me demande si l'on ne généralise pas un peu vite !
(On part ici du principe que les études de haut vol existent et confirment la dépréciation du gratuit)
D'abord sait-on quel est l'a priori des personnes qui se confrontent à une gratuité ? Les publics adoptent-ils la même attitude devant une gratuité "non-justifiée" (= ils s'attendent à ce que ce soit payant) et devant une gratuité "attendue" (= ils considèrent d'emblée que la chose doit être gratuite) ? (D'ailleurs si quelqu'un à des références d'études faisant cette distinction je suis preneur !)
Suivant cette même idée, je me demande si le manque de respect évoqué plus haut ne peut pas s'expliquer de différentes manières. Exemples :
- si c'est gratuit, c'est qu'on y a peu investi et c'est donc de moins bonne qualité que si c'était payant
- si c'est gratuit, je ne perd rien à ne pas participer, à être dissipé, à n'en avoir rien à f...
Enfin si ce type de distinction existaient réellement (autre part que dans ma petite tête !), on pourrait également chercher à positionner une gratuité "assumée" sur l'une ou l'autre des interprétations.
Exemple : j'adorerais voir inscrit au fronton de nos musées : "L'entrée dans cette établissement coûte affreusement cher car c'est une offre exceptionnelle et de qualité, mais elle est gratuite pour tous car vous l'avez déjà payée cette année avec vos impôts locaux !"
PS.: Idée de dernière minute
Ce serait sympa d'avoir un musée qui offre une entrée gratuite à chaque citoyen par an ... Et même pas difficile à faire : un listing, la demande d'une pièce d'identité, ... à peine plus long que la délivrance d'un billet ... on pourrait même assez aisément le faire via le net ... sans compter que pour en extraire des chiffres utilisables pour affiner la connaissance de nos publics, il n'y aurait presque rien à faire !
Qui c'est qui s'y colle ?
« si c'est gratuit, c'est qu'on y a peu investi et c'est donc de moins bonne qualité que si c'était payant »
RépondreSupprimerLe logiciel libre en est un parfait contre-exemple.
En fait, tous les biens non-rivaux ont vocation à être gratuits. Car s'ils ne le sont pas, c'est parce qu'une rareté artificielle (donc à l'encontre de ce qui est bénéfique pour la société) a été mise en place, uniquement à cause du conflit entre l'abondance et l'économie.
@Rom
RépondreSupprimerPeut-être que les mentalités évoluent ... Pourtant il reste ce genre de réflexion dans la tête de pas mal de monde. Au supermarché, bien qu'on cherche à réduire au maximum ce que l'on va payer, pour certains produits on s'interdit de prendre le premier prix ??? Et bien souvent (je ne dit pas tout le temps), je pense qu'il y a un peu du "c'est trop peu cher pour être de qualité".
Le pire c'est que cette logique se vérifie assez souvent dans le champ commerciale. Or comme ce dernier est omniprésent aujourd'hui (tout se vend, tout s'achète), on finit par appliquer cette réflexion au mauvais endroit comme tu le soulignes très bien.
En tout cas, merci pour le commentaire !
Il me semble que la question de la gratuité est souvent abordée dans la perspective de la démocratisation des musées. L'idée est que la gratuité permettrait à d'attirer des publics qui de part leur position socio-économique, ne viennent pas au musée.
RépondreSupprimerD'autres études de haut vol montrent je crois, que cela reste malheureusement souvent un voeux pieux : ceux qui viennent en masse lors des jours de gratuités (1er dimanche du mois, journée du patrimoine, etc.) sont ceux qui ont déjà l'habitude de fréquenter des lieux de culture. En gros, ce n'est pas pcq c'est gratuit que la famille au smic qui vie en banlieue viendra faire un tour au Louvre.
Après, cela ne veut pas dire que la gratuité de sert à rien. Les opérations de gratuité permettent éventuellement (à vérifier) de fidéliser un public qui vient déjà et reviendra d'autant plus. Et ça, c'est le nerf de la guerre.
Le problème c'est que la gratuité sert souvent à défendre une image de marque, voire une politique sans qu'il y ait de réelle réflexion 'publics' (pour qui? pour quoi faire exactement?).
RépondreSupprimerSans compter qu'un musée n'est jamais gratuit, même si on imaginait un musée peuplé de bénévoles, qui créerait des expo avec du matos de récup et à qui ont prêterait des objets, il y a aurait toujours des coups liés aux locaux, au fonctionnement... choses qui coûtent vite cher...
Tu parles d'études de haut vol, est-ce que tu aurais des références à nous donner, on est preneurs.
Pas de ref en tête particulière mais il faut chercher du côté de la (ex)DMF et des travaux en sociologie de la culture.
RépondreSupprimerpar exemple : EIDELMAN J., « La gratuité dans les musées et monuments en France : quelques indicateurs de la mobilisation des visiteurs », Culture Études, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, n°2009-2, mars
L'auteur est maintenant rest du pôle connaissance des publics du dpt de l'éducation au ministère de la culture.
@Marine
RépondreSupprimerMerci pour le commentaire. Tout a fait d'accord avec toi quand tu dis qu'on évoque la gratuité souvent pour des problématiques d'élargissement des publics. Comme si ces publics n'étaient bloqués QUE par le prix et non parce que l'offre ne leur correspond pas ! (à méditer !!!)
C'est bête de ne parler de gratuité que dans ce cadre vu le peu de résultats obtenus. La gratuité peu avoir aussi d'autres objectifs et notamment de permettre d'autres formes de pratiques au musée. Et puis si on change les pratiques de musée, rien ne nous empêche de réver qu'elles capteront un public plus varié !
(sans ré-insister sur le fait que si tout le monde paye via les impôts, un musée SE DOIT pour moi d'être accessible à tous)
@Thomas
RépondreSupprimerSi j'ai bien compris, pour vous, le visiteur n'aurait pas à payer son entrée car il l'a déjà fait en payant ses impôts.
Je ne pense pas que cet argument, pris isolément, soit recevable ou, en tous les cas, il est facilement attaquable par les opposants au tout gratuit (dont je suis). Permettez-moi de vous donner deux contre-arguments possibles (il y en d'autres) :
1- Tous les visiteurs d'un musée ou monument ne paient pas forcément d'impôts auprès de la (ou des) structure(s) qui gère(nt) ou finance(nt) l'institution muséale visitée (collectivité, EPCI, Etat). Sans parler de ceux qui peuvent être exonérés d'impôts, il y a tout simplement les visiteurs qui n'habitent pas le territoire où est levé l'impôt servant à financer le musée. Est-ce que tous les visiteurs du Muséum de Toulouse sont toulousains ?
2- le montant des entrées tarifées n'est pas forcément négligeable dans le budget d'un musée. Il faudrait alors compenser la disparition de cette recette. Cela qui veut dire, en suivant votre logique, augmenter les impôts... Je ne suis pas certain que cela soit réaliste dans le contexte économique actuel. Du moins, sans argumenter un peu plus !
Pouvez-vous développer un peu sur les autres formes de pratique pouvant se développer au musée grâce à la gratuité ?
@Rom
Je suis d'accord avec vous sur le contre-exemple du logiciel libre, un peu moins sur la question de la gratuité de tous les biens non-rivaux et sur la question du revenu de base telle que présentée dans votre lien. Mais, de mon point de vue, cette problématique n'est pas transposable au sujet qui nous occupe ici. Nous ne sommes pas dans la duplication numérique d'une oeuvre de l'esprit (musique, littérature, logiciel, photographie, etc.). Nous ne sommes pas non plus dans un "conflit" entre copyright/Droits d'auteurs et copyleft : la question de payer des droits d'auteurs pour la création d'une animation scientifique ou d'une exposition ne se pose même pas, me semble-t-il. Nous sommes dans la question de la gratuité d'accès d'un support/dispositif physique, tangible, matériel (musée, monument, exposition, collection, animation avec un médiateur) ayant un coût de fonctionnement pouvant être important (entretien d'un bâtiment et de son contenu, achat de fournitures et de matériel, salaires, énergie, communication, etc.) et servant à transmettre/constuire une culture scientifique.
@Marine
Bonjour Marine. Je suis globalement d'accord avec toi. Juste un point de désaccord : les journées du patrimoine ne sont pas forcément synonymes de gratuité ! De nombreux musées et monuments restent payants ces jours-là.
@Malvina
Concernant la gratuité dans les musées, vous devez lire les ouvrages et écrits de Jean-Michel Tobelem qui travaille depuis 20 ans sur cette question et qui est favorable à la gratuité. Son analyse est très intéressante.
A lire notamment, son analyse de l'expérimentation de la gratuité des musées qui avait eu lieu en 2008 : http://www.louvrepourtous.fr/La-gratuite-des-musees-vue-par,241.html
Ou son blog, dans la partie "Tarification-gratuité" : http://blog.option.culture.marrot.org/?cat=14
@Docmuseo : avant tout merci pour ta fidélité et les commentaires toujours très fouillés et constructifs !
RépondreSupprimerPlutôt favorable à la gratuité (même si le terme "partisan" serait exagéré), voici quelques réponses.
Je ne paye pas les impôts strasbourgeois et pourtant j'y profite des routes, des poubelles, et de plein d'autres choses. Pour moi l'argument du "seul ceux qui payent reçoivent" ne vaut pas pour les impôts qui existent notamment pour financer des choix qui ne tolèrent pas cette équation (mais nous rentrons là dans des considérations plus politiques). C'est la même chose pour ton deuxième argument qui est lui aussi affaire de choix politique : on peut tout à fait augmenter les impôts puisqu'ils nous sont "rendus" par d'autres voies (en tout cas c'est ma vision "politique" des choses).
Pour moi l'argument de fond en faveur d'une gratuité dans les musées est que ceux-ci proposent un service de type "bien commun". Comme l'eau, l'air, l'éducation, la santé ... Non seulement la culture est de fait un bien commun (puisqu'elle se construit comme cela : en commun), mais en plus elle est un facteur essentiel de cohésion sociale (comme l'éducation par exemple).
Bref toujours très politique ces justifications !
Pour ce qui est des autres conséquences que pourrait impliquer une gratuité dans les musées, on pourrait noter :
* des offres basées sur des publics "captifs sur du long terme" (type club ou pédagogie de projet comme c'est pratiqué dans le socio-cu)
* des offres dédiées à des publics de passage (expo qui peut se voir en plusieurs fois, expo évolutive, conférences morcelés, animation de flux, etc...)
* des offres pour des publics qui ne viennent "voir qu'un bout" du musée permettant d'aller au fond d'un sujet, d'une oeuvre, d'un objet, ... en un temps décent
* des offres où la participation des publics est réellement centrale parce que celui-ci peut agir, et voir le résultat de son action en revenant plus tard ...
Ces évolutions auraient un impact majeure sur les relations d'une institution à ses publics (si tant est que celle-ci réfléchi sa gratuité comme le soulignait Malvina) et pourraient déboucher sur des évolutions plus profondes que la seule offre.
On pourrait ainsi voir ré-interroger :
* le fonctionnement même de l'institution,
* la mise en place de projets d'établissement participatif,
* ...
* et puis finalement pourquoi pas à long terme un réel élargissement des publics.
@Docmuseo merci beaucoup pour les liens, je n'ai pas encore eu le temps d'aller y regarder de plus près, mais ça ne saurait tarder.
RépondreSupprimer@Thomas j'aime bien ta petite liste des offres à inventer dans un musée gratuit...
@ Thomas,
RépondreSupprimerPour ma part, je suis :
- plutôt défavorable au tout gratuit pour la fonction de communication du musée,c'est-à-dire concernant la gratuité de toutes
les animations et de toutes les formes possibles d'exposition
- favorable à une adaptation des tarifs en fonction des publics et des types d'offre, y compris en allant jusqu'à de la gratuité "éclairée", ponctuelle ou non (en fonction de choix assumés mais argumentés).
A mon sens, en ce qui concerne la gratuité des musées et des actions de médiation, il s'agit de postulats idéologiques et politiques. Et, l'un comme l'autre, nous aurons sans doute du mal à changer d'avis ! Mais bon... Le débat d'idées est toujours intéressant !
Pour le cas des infrastructures strasbourgeoises que tu cites, je suis d'accord avec toi : ce sont des biens librement accessibles à tous, suite à une décision politique ou un choix de société (il fut un temps où il fallait payer pour entrer dans une ville, passer un pont, etc. Certains y reviennent d'ailleurs : cf. le péage pour accéder en voiture à la ville de Londres).
Ceci étant dit, il s'agit de biens dont l'usage par une personne n'en diminue pas la disponibilité pour autrui (notion de biens anti-rivaux). Ce sont des biens matériels à "coût marginal" faible ou nul (il n'y aura généralement pas de coût supplémentaire pour la société quel que soit le nombre d'usagers qui passent sur une route ou un pont, profite des lampadaires ou utilisent des poubelles). De plus, le temps d'utilisation (et donc l'amortissement) se fait sur du long terme.
L'application à l'accès à un musée et à l'ensemble de ses prestations culturelles me paraît plus compliquée, même si je conçois qu'une décision politique ou un choix de société puissent aller dans le sens de la gratuité totale. Pour certaines expositions permanentes "old school" et centrée uniquement sur des objets (ou un monument "simplement" visitable), je veux bien concéder que le choix est alors plus facile pour basculer dans la gratuité car on se rapproche des "conditions" des biens anti-rivaux : une exposition faite pour durer dans le temps à partir d'une collection permanente, une mise en valeur scénographique minimaliste, peu de multimedia, un faible coût de fonctionnement communicationnel et juste les contraintes de sécurité à gérer au niveau du nombre de personnes par salle (je caricature, évidemment, en ne prenant en compte, en plus, que la mission de communication/exposition du musée).
Par contre, que ce soit pour des animations/visites guidées ou pour des expositions interactives, permanentes ou temporaires, centrées sur la compréhension d'un savoir ou sur la sollicitation du visiteur, la situation me paraît différente : animateur/médiateur ne pouvant effectuer qu'un nombre limité d'animation ou de guidage et pour un nombre limité de personnes à chaque prestation ; attractivité qui va de paire avec une muséodégradabilité rapide, durée d'amortissement courte et investissement (lourd) à renouveler plus régulièrement, coût de fonctionnement plus important également, principes d'interactivité et de multimédia limitant la disponibilité de certains expôts à quelques visiteurs seulement en même temps, etc.
Bref, pour moi, on ne peut pas mettre sur le même plan une route et une animation scientifique dans un CCSTI ou bien, dans un musée, une exposition d'immersion (au sens de F.Belaen).
Super intéressant cette idée d'utiliser la notion de bien anti-rivaux dans les réflexions sur les musées. Cela va plus loin que ma reflexion première sur les biens communs. Par contre ta remarque tient surtout si la gratuité amène une augmentation de la fréquentation telle que la "rivalité" réapparaisse ... parce qu'aujourd'hui sauf effectivement pour certains dispositifs (souvent d'ailleurs tout simplement mal conçu) c'est autant l'obsolescence des choses et l'usure du temps (nettoyage, lumière, pièce en mouvement, ...) que l'usure par les usagers qui implique les changements. La foule ne se presse pas tout les jours à nos portillons et ce n'est pas du tout évident que cela change à ce point avec une gratuité !
Supprimer@ Thomas (suite)
RépondreSupprimerConcernant mon premier "contre-argument", il ne s'agissait pas de promouvoir le "seul ceux qui payent reçoivent", mais juste de contrer l'argument "l'entrée est gratuite pour tous car vous l'avez déjà payée cette année avec vos impôts locaux" car, dans les faits, tout le monde n'a pas payé pour cela, par conséquent l'argument n'est pas recevable en l'état !
L'argumentation sur la gratuité devrait se situer, pour moi, sur un autre registre que le "vous l'avez déjà payé par vos impôts", car cette affirmation est fausse dans bien des cas.
Concernant mon second "contre argument", effectivement, en théorie, on peut aussi augmenter les impôts à partir du moment où il y a un "retour". C'est une vision politique des choses mais que je ne partage pas car, en pratique, jusqu'à quel point est-il possible d'augmenter les impôts ou de faire payer tout intégralement par les impôts ? Toutes les activités du secteur culturel et socio-culturel sont déjà largement subventionnées et il n'y a pas un équipement public qui ne soit pas déficitaire. Personnellement, je préfère choisir mes activités de loisirs et les payer aux prix actuels (en partie subventionnés) plutôt que de voir diminuer mon pouvoir d'achat et surtout de choix.
Effectivement très politique tout cela ... Chacun son idéologie ou ses utopies !
SupprimerNous sommes d'accord sur ce point ! ;-)
Supprimer@ Thomas (encore suite)
RépondreSupprimerConcernant ton argument de fond sur le fait que les musées proposent un service de type "bien commun" au même titre que l'eau, l'air, l'éducation et la santé, je ne vois pas en quoi cela est forcément synonyme de gratuité. Je m'explique.
L'eau et l'air sont un bien commun, certes. L'eau et l'air, en tant qu'éléments, sont "gratuits", certes. L'air est directement accessible et "consommable" à tous, certes. Par contre, pour l'eau, il faut la capter, la rendre potable, la distibuer et traiter les rejets. Et tous ces services sont payants ! Chacun reçoit chez soi sa facture d'eau. Mais on ne paye que ce que l'on consomme (coût de captation, potabilisation, distribution et traitement), ni plus, ni moins. L'eau serait gratuite, je pense que certains feraient moins attention en cas de fuite ou laisseraient couler tout le temps le robinet.
Dans le cas de la santé, c'est un peu différent : que l'on soit ou non malade, on paye tous pour un système de sécurité social qui rembourse une partie des actes + si on est malade, nous ne sommes pas remboursés pour tout (le 1 euro restant à charge, le dépassement d'honoraires,les médicaments qui ne sont pas entièrement remboursés, etc.) + nous pouvons payer pour avoir une complémentaire qui prendra en charge une partie de ce que la sécu ne rembourse pas. La santé a beau être un bien commun, elle se paye et pas uniquement par les impôts !
Pour l'éducation, ou plus précisément l'éducation formelle (hors enseignement supérieur et établissements privés et hors coût d'achat de certains fournitures et livres scolaires), effectivement la gratuité est acquise et financée par les impôts (premier poste budgétaire de l'état, sans parler du budget des collectivités pour le fonctionnement matériel). C'est un choix de société que je ne remets pas en question.
Par contre, pour le champ de l'éducation non formelle, dans lequel s'inscrivent les musées, ce même choix est-il possible ? Ne serait-ce que sur le plan économique et budgétaire ? Peut-être pour quelques établissements dépendants de l'Etat ou de grosses collectivités cela est possible mais quid du reste des acteurs de la CSTI, petites collectivités ou associations ? On a déjà eu bien des exemples d'argent restant "bloqué" au niveau de quelques gros établissements alors que les petites structures travaillent, en comparaison, avec des bouts de ficelles (cf. la Cité des Sciences puis Universciences par rapport au réseau des CCSTI, sans parler des structures non labelisées). Et les exemples sont nombreux de lieux (planétariums, musées classiques, etc.) ou d'animations (en CSTI ou en EEDD et plus largement dans le secteur de l'éducation populaire) gérés par des associations qui ont dû licencier ou même mettre la clé sous la porte suite à des baisses de subvention. La gratuité d'accès à toutes ces actions et structures, financées alors intégralement et seulement par l'argent public, irait, selon moi, vers une baisse de la "diversité" de l'éco-socio-système formant le secteur de l'éducation non formelle, vers un renforcement des grosses structures au détriment des petites et vers un appauvrissement de la créativité en matière de projets et de gestion, voire vers une position "fixiste" en matière d'action culturelle et pédagogique (si vous n'avez qu'un poste de médiateur financé, pourquoi chercher à développer plus de publics que vous ne pourriez en acceuillir ? Comment justifier l'ouverture d'un nouveau poste ? Si vous avez plus de demandes de visite que votre quota de vacations, comment justifier une rallonge ? L'argent public n'est pas extensible à l'infini).
Ok tes arguments s'entendent tout à fait mais ils portent sur les modalités pratiques de mise en oeuvre d'une gratuité au niveau nationale et locale (ce qui n'est pas franchement au coeur de ma réflexion). De plus ta réflexion considère une gratuité et des systèmes de financement utilisant les fonctionnements actuels (et passés pour ne pas dire dépassés). Or il est évident que passer à une gratuité de la culture (idée très utopiste ou théorique ou extrémiste ... au choix !) ne pourrait pas se faire sans changement profond de mentalité, d'organisation, de gestion, de financement, de fonctionnement de la culture tels qu'ils existent aujourd'hui.
SupprimerD'ailleurs c'est marrant comme encore une fois et comme dans la conclusion du billet, la gratuité à surtout pour intérêt de forcer les réflexions et les changements.
@ Thomas (fin ?)
RépondreSupprimerPour ta liste d'offres, pourquoi serait-elle applicable seulement sous condition de gratuité totale du musée, de ses espaces et de ses animations ? Pourquoi ne peut-on envisager des formules d'abonnement, des tarifs préférentiels, des gratuités ponctuelles ?
Des expositions dans des espaces en accès libre ?
Le recours à l'espace numérique du musée, son site web ? Ce qui permet de construire et fidéliser une communauté et de réellement travailler sur l'avant et l'après visite, voire de faire du site web un élément du musée à part entière et, cette fois, complètement gratuit (la dématérialisation va dans le sens des biens non rivaux déjà évoqués dans le premier commentaire).
Ou, tout simplement, pourquoi ces offres dans le musée ne pourraient-elles pas être payantes ?
Qu'est-ce qu'il y a de mal à payer pour une prestation même si celle-ci est de l'ordre du culturel et du pédagogique ?
PS : on est limité à 4096 caractères par commentaires, d'où mes différents messages...
C'est tout le coeur de mon propos ... Je pense que la gratuité change le rapport des publics à l'offre qui lui est proposée. En plus d'une hypothètique baisse de respect, je pense que le public change ses pratiques (et certaines études tendent à le montrer au moins sur les modalités de fréquentation) et la façon dont il interagit avec le médiateur, l'institution, ... C'est ce changement qui nous ouvrirait de nouvelles perspectives (pas forcément meilleures d'ailleurs) et nous forcerait à revoir nos propositions.
SupprimerEn tout cas merci beaucoup pour ces échanges !
Pour continuer d'alimenter la réflexion,
RépondreSupprimerà lire dans le nouvel économiste :
http://www.lenouveleconomiste.fr/lesdossiers/art-de-vivre-et-culture-democratisation-culturelle-13719/
Très intéressant article avec un large panel d'idées, d'expressions, etc.
SupprimerSeul regret : l'article de base titre "démocratisation culturelle" là où il aurait du mettre "équilibre financier des musées". En effet le sujet de la démocratisation culturelle, ou plutôt de la dimension culturelle en général, n'est dans cet article qu'un point secondaire. Ces aspects ne sont vus que comme conséquences des mesures qui elles ne se décideraient que sur le seul équilibre financier des institutions. Ce défaut est par ailleurs bien compensé dans l'ensemble du "dossier" qui est super intéressant.
Merci encore !